Bernard Piffaretti

En collaboration avec BGL BNP Paribas

Depuis plus de quarante ans, Bernard Piffaretti déploie une œuvre singulière, structurée autour d’un principe méthodique : la duplication. Chaque toile est scindée en deux par un axe central. Sur une moitié, le peintre agit librement ; sur l’autre, il répète — à la main, sans calque ni procédé mécanique — le geste initial. Ce redoublement volontaire est une stratégie systématique qui, en annulant l’élan pulsionnel du premier temps, met à distance l’expressivité pour mieux révéler la nature même de la peinture.

Loin d’un système figé, ce protocole donne lieu à une infinité de tableaux, tous autonomes, tous incomparables. La cosmogonie de Piffaretti, en constant enrichissement, obéit cependant à une certaine idée d’unicité quasi organique et continue, où chaque oeuvre entre en relation avec les autres, comme les fragments d’un seul texte toujours en cours d’écriture. Dans cette vaste syntaxe picturale, plusieurs « figures » émergent. Les classiques déploient le processus avec clarté et rigueur, la toile en ses deux parties étant exécutée dans un même mouvement de répétition de ses strates de fabrication encore chaudes. La duplication n’est qu’un double visuel réalisé acte par acte qui annule toute subjectivité de la première partie.

Ce dispositif structurel — simple en apparence — permet à l’artiste d’instaurer ce qu’il nomme une métapeinture. Une peinture au milieu, au-delà, après : meta dans le sens le plus plein du terme. Le tableau ne montre pas seulement une image, il donne à voir la peinture advenant en posant les bases d’interrogations qui traversent toute l’oeuvre de l’artiste. Ainsi, en répliquant son propre geste, celui-ci ne cherche ni effet de style ni virtuosité. La toile devient un espace critique, un miroir tendu à l’histoire de l’art — à ses ruptures, ses mythologies, ses retours déguisés.


L'exposition est ouverte du 10 au 23.11.2025
La Villa BGL BNP Paribas
10a, Bd Royal, L-2949 Luxembourg

Bernard Piffaretti, Sans Titre, 1988
Bernard Piffaretti, Sans Titre, 1988