Fabien Mérelle projette son corps dans un univers où tout se mêle - animal, végétal et minéral -, où l’écorce vient rogner la peau, où l’homme est semblable aux bêtes. Un monde où il n’y a plus ni loi de gravité, ni bienséance, ni tabou. De ces décors émergent des scènes détaillées, la feuille ou la matière comme réceptacle des pensées, des envies, des angoisses de l’auteur. Les dessins et sculptures de Mérelle nous plongent, avec ironie, dans le monde fantasmagorique de figures oniriques et hybrides, mêlant les mondes animal et humain. Ses œuvres intimes, imprégnées d'ultra-réalisme et de fantaisie, sont inspirées à la fois du monde environnant et de son paysage émotionnel. Sculptant l’improbable à la façon réaliste, il dévoile l’envers du décor, une autre réalité où s’entremêlent mythes grecs et croyances ancestrales. Les compositions burlesques se moquent souvent des tourments de l'artiste sans en diminuer la gravité : les allégories visuelles et linguistiques de Mérelle sont un exutoire qui lui permet de canaliser ses émotions et d'apprivoiser ses peurs.
« Pour Strange Tree, il devait y avoir les bras, mais il racontait trop de chose, il ne suggérait plus rien. J’ai été déstabilisé. Il me paraissait évident que cette silhouette devait rester telle qu’elle. Sans ses bras, j’ai senti son impuissance je me suis rappelé que chez les Hindoux, la pire des reincarnation est celle de l’arbre et j’ai accepté que cette œuvre devait parler de cette incapacité là. C’est une œuvre dur et au départ j’ai souhaité masquer cela. Puis j’ai pensé à des Giacometti, tout en longueur, je pensais à des Zoran Music, qui ne sont que des cris. (…) Cette sculpture est un totem, elle me fait penser à ces bustes romain qui m’ont tellement habité, ceux de la villa Borhese. Ce sont ces bustes qui m’ont donné envie de sculpture. Je suis romain par ma mère et souvent mon père lorsque nous croisions une de ces œuvres antiques me rappelait qu’ils étaient mes ancetres que nous partagions le même facies, le même nez busqué. Lorsque j’ai vu Strange Tree sans ses bras, j’ai pensé à cela et je me suis dit que ce tronc était la partie imergée de notre être, celle constituée de tous ceux qui ont fait que nous sommes là. » - Fabien Mérelle
Présentée par By Lara Sedbon